Pour celles et ceux qui suivent un peu les réseaux sociaux, un nouveau hashtag a fait son apparition depuis quelques semaines: #okboomer. De quoi s’agit-il?

Le site urbandictionnary nous propose sa définition en anglais :

When a baby boomer says some dumb shit and you can’t even begin to explain why he’s wrong because that would be deconstructing decades of misinformationand ignorance so you just brush it off and say okay.

Source: urbandictonnary.com

En français ça donne : lorsqu’un baby boomer exprime quelque chose de « stupide » et que celui-ci n’est pas capable d’expliquer ses propos car cela l’obligerait à en découdre avec des générations de désinformation et d’ignorance et que l’autre personne (plus jeune) se contente d’un « ok » afin de clore le débat.

En gros, cela se résume en une réaction un peu condescendante des moins de 30 ans vis à vis de conseils et/ou expressions que pourraient avoir les plus de 30 ans.

Afin de bien analyser la situation, je pense qu’il serait utile de rappeler les définitions des différentes segmentations qui nous intéressent aujourd’hui.

(c) Crédit photo : www.kasasa.com

Les Baby Boomers (1944 – 1964) seront donc aujourd’hui le premier objet de notre débat. Ce sont, pour ma part, mes ainés. Mes parents font partie de cette génération. Il s’agit de cette génération née après guerre, qui a connu le premier homme sur la lune, Woodstock, la guerre froide. Pour faire court, les Baby Boomers sont assez dépensiers, continuent à consommer des médias de façon classique avec la télévision comme medium de prédilection, sont de gros travailleurs et aiment communiquer en face à face. Ils sont aussi très orientés famille.

La génération X (1961 – 1980), c’est ma génération. Les éléments marquants de ma génération sont la fin de la guerre froide, le SIDA, la chute du mur de Berlin, l’arrivée des premiers ordinateurs personnels, les téléphones portables. Les X aspirent plus à un équilibre entre le travail et la vie privé. Même si la famille reste un élément important, cette génération connait une emergence du nombre de divorces. L’objet phare de cette génération est l’ordinateur. Elle aura un usage des médias toujours relativement classique même si elle passe beaucoup de temp sur les réseaux sociaux.

La génération Y (1981 – 1995) ou les Millénials ont du faire face à la montée extrême du terrorisme, la guerre au Moyen-Orient. Mais aussi le début de l’émergence des réseaux sociaux. Les Y aspirent à plus de liberté professionnelle et aiment entreprendre. Les Millenials ne consomment plus les médias de la même façon et privilégient largement les services de streaming plutôt que la télévision en temps réel par example. L’objet phare de cette génération est incontestablement le smartphone.

Pour conclure, la génération Z, celle dont fait partie ma Pitchoun. Cette génération a déjà connue beaucoup d’évènements marquants: le printemps arabe mais aussi le réchauffement climatique pour en citer 2. C’est une génération pour qui le digital est intégré à leur quotidien. Le crowdfunding est quelque chose de tout à fait commun. Professionnellement ce sera probablement une génération chez qui la carrière sera un enchainement de missions. La loyauté envers un seul est même employeur s’étant déjà fortement estompée auprès de génération Y. La génération Z est hyper-connectée depuis le plus jeune âge. Sa consommation de medias passe donc principalement par le smartphone.

Voila pour les définitions. Vous l’aurez compris, celles-ci ne sont qu’un regroupement d’observations de comportements d’individus faisant partie de chaque tranche d’age. Je suis persuadée que tous les rapports résultant de ces études ont été élaborés de façon sérieuse et respectant les méthodes de recherche scrupuleusement. Je ne les remets donc vraiment pas en question.

Ce qui me dérange, c’est l’utilisation poussée et extrême de ces définitions dans leur sens le plus stricte. En effet, dans la plupart des entreprises plus ou moins grandes, des segmentations sont appliquées et ce afin de déterminer dans quelle mesure, un besoin plus ou moins spécifique peut être satisfait pour tel produit ou tel service. Les marketeers se basent donc sur ces modèles afin d’anticiper les us et coutumes des cibles de leur produits et d’élaborer leur plan de communication vis à vis de ces potentiels consommateurs. A nouveau, je ne remets pas en question l’utilisation de ces modèles.

Quoique. De nos jours, l’être humain a tendance a être de moins en moins « conventionnel » et a développé une furieuse tendance à rechercher la personnalisation et l’individualisation. Et ce, quel que soit son age! Et c’est bien à ce niveau-la que pour moi, les modèles démontrent leur faiblesses.

Avant, il y avait un age pour tout : étudier, se marier, faire des enfants, changer de travail, ne plus changer de travail, ne pas travailler, faire un voyage autour du monde, etc.

Aujourd’hui, toutes ces pseudo-conventions s’envolent. En effet, on ne compte plus les personnes qui restent célibataires toutes leur vie par choix, les couples qui se séparent ou se reforment à l’heure de la retraite, voir plus tard, les travailleurs qui se reconvertissent alors qu’ils ont largement dépassés la cinquantaine, les très jeunes qui font le choix d’avoir un enfant seul, tout comme les femmes plus âgées ou ceux qui font le choix de ne pas en avoir du tout, les personnes d’un âge avancé qui reprennent des études, les personnes plus jeunes qui entreprennent et fondent leur propre business ou même ces personnes jeunes qui décident tout simplement de ne pas se lancer dans le monde du travail et préfèrent adopter un autre style de vie. Tout ceci est rendu possible grace aux avancées scientifiques mais aussi, et heureusement d’ailleurs, au développement des libertés individuelles et à une ouverte d’esprit de la société.

A l’heure de l’émergence du Big Data et des possibilités que cette science peut nous apporter, ne serait-il pas plus intéressant de l’age d’un individu comme un paramètre parmi d’autres et de plutôt se concentrer sur les usages, aspirations et valeurs des gens, peu importe leur age ? Fort heureusement, de nombreuses sociétés commencent à se diriger dans cette voie et n’hésitent pas à faire l’usage du content marketing afin de se faire trouver par des clients potentiels. Je ne vais pas m’étendre sur ce sujet passionnant, mais trop vaste et trop éloigné de la question initiale.

Pour en revenir au débat #okboomer qui est l’objet de cet article , je voudrais simplement rajouter que lorsqu’une personne ayant acquis une certaine expérience, jeune ou âgée, peu importe d’ailleurs, souhaite partager cette expérience et son ressenti afin d’en faire profiter d’autres, il est un peu facile de dire #okboomer car il s’agit d’un « vieux/vieille » et de ranger l’information reçue dans le coin des choses non-pertinentes. La même chose vaut dans l’autre sens. Les Quadra et Quinqua qui se moquent gentiment mais surement des jeunes sous prétexte de leur jeunesse, de leur inexpérience et de leur ignorance en n’écoutant que leur arrogante expérience et ne laissant aucune place à ce que cette personne plus jeune, de son point de vue pourrait apporter, est une pratique que n’a pas de sens non plus. Tout avis, toute opinion, toute expérience, tout ressenti, peu importe l’age de son porteur, est une richesse permettant des échanges afin de construire quelque chose ensemble. Ce #okboomer est donc, à mon sens, une belle connerie à relayer au plus vite au rayon du petit buzz débile, qu’on aura bien fait d’oublier au plus vite. Cette « tendance » me touche personnellement car étant à la recherche d’un nouvel emploi, la peur du préjudice que mon age pourrait m’apporter dans ma quête est vraiment énorme. Alors que mon age, mais surtout l’expérience qui est la mienne est sensée être un atout. Cette stigmatisation n’est réellement bénéfique à personne.

L’échange entre générations est essentielle, vitale même. A mort donc les « on a toujours fait comme ça » ou le « oui mais toi tu viens d’une autre époque » ou encore les « tu ne peux pas comprendre ». Soyons ouverts les uns envers les autres et mélangeons les cheveux blonds et les cheveux gris. (Michel Sardou, sors de ce corps). Sur cette petite touche de génération X, je vous laisse méditer cela.

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À propos de l'auteur

Fashiongeekette

Quadra et j'aime ça, parce que les quadra c'est le pouvoir - Bruxelloise - Addict aux produits de beauté - Passionnée de mode - Amoureuse de son Big et de sa Pitchoun

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